À l’occasion de la fête du Canada, regardons la réalité en face sur la façon dont le Canada est devenu le pays qu’il est

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Nous ne pouvons plus célébrer le Canada sans reconnaître la violence coloniale historique et actuelle subie dans ce pays. Pour plusieurs, la fête du Canada n’est qu’un dur rappel de la  colonisation, du déplacement et du génocide.  

C’est pourquoi nous écoutons les demandes invitant à « annuler la fête du Canada » et pour porter la couleur orange au lieu du rouge et du blanc. Le Canada ne pourrait être ce qu’il est aujourd’hui sans le déplacement et la dépossession des peuples autochtones... et nous ne pouvons tout simplement pas célébrer cela.

Vol de terres et la création du Canada

Lorsque les explorateurs et les colons européens sont arrivés au pays qui est aujourd’hui le Canada, ils ont agi comme s’il s’agissait d’une terre inhabitée prête à être découverte et colonisée... mais c’était tout simplement faux. Ils ont été accueillis par des peuples autochtones qui ont su leur enseigner et partager leurs connaissances sur cette terre. Autrefois, les peuples autochtones vivaient sur ce qui est maintenant connu sous le nom de Canada. Ils occupaient et utilisaient ce territoire. Mais aujourd’hui, les réserves autochtones constituent seulement 0,2 % de toutes les terres du pays.

Comment cela a-t-il pu se produire?

En fait, la réalité est qu’il y a eu une panoplie de différentes tactiques qui ont été soit organisées, soit soutenues par le gouvernement canadien. En voici quelques-unes :

Traités

Le gouvernement canadien et les Premières Nations ont signé plusieurs traités stipulant la façon dont les terres seraient réparties. Toutefois, le processus des traités et les résultats de ceux-ci n’étaient pas particulièrement équitables. Voici pourquoi :

  • Les traités étaient pour la plupart écrits en anglais et en français, et étaient souvent intentionnellement mal traduits. Les traducteurs étaient également incapables de traduire de façon précise et d’intégrer les traditions autochtones à leurs traités. 
  • Il y a également eu des ententes verbales entre les Premières Nations et les gouvernements coloniaux qui n’ont pas été écrites dans les traités. Ainsi, bien que les Premières Nations respectaient leurs parties des ententes, ce n’était pas le cas des gouvernements coloniaux. 
  • Le gouvernement canadien avait un contrôle total sur tout le processus de traité, et plusieurs traités ont été signés sous la contrainte. Par exemple, sur les grandes plaines, les Premières Nations ont été forcées de signer les traités en échange de rations alimentaires. Pendant ce temps, les colons de la région étaient encouragés à abattre le bison, une importante source de nourriture pour les Premières Nations des grandes plaines.
  • Lorsque les chefs autochtones ont signé ces traités, c’était en tenant pour acquis que le territoire serait partagé. Au lieu de cela, le gouvernement canadien considère la plupart des terres comme des terres « de la Couronne » qui relèvent de la compétence du gouvernement canadien (ou de la « Couronne »). 

Le système de réserves

Le système de réserves était une façon pour le gouvernement canadien de contrôler activement les membres des Premières Nations, la culture et le territoire. En voici un peu plus sur la façon dont les réserves ont été injustement créées : 

  • Les peuples autochtones étaient envoyés de force dans les réserves, sans respect ni considération envers leur mode de vie ou leur culture, et dépouillés de leurs droits. Les collectivités étaient souvent divisées en petites réserves un peu partout sur leur territoire ancestral, ce qui perturbait les liens traditionnels entre les familles, entre les communautés voisines et avec le territoire.
  • La police et les forces armées utilisaient la violence pour éloigner les peuples autochtones de leurs terres. Lorsque les peuples se trouvaient dans les réserves, le gouvernement canadien envoyait des agents des Indiens pour restreindre les allées et venues à l’extérieur et à l’intérieur des réserves au moyen du  système de laissez-passer..
  • La violence a perduré pendant des siècles. En Colombie-Britannique, par exemple, des membres de la  Nation des Carrier de Cheslatta ont été arrachés à leur territoire en 1952 dans le cadre d’un projet industriel. Leurs maisons ont été brûlées et leur village ainsi que leur cimetière, inondés. 

Déraciner les enfants de leur pays

Les traités ont fait preuve de détermination pour éloigner les terres des peuples, et les réserves ont éloigné les peuples des terres. Une autre initiative calculée fut d’enlever les enfants à leurs terres, à leur famille et à leur culture. 

  • Pendant plus d’un siècle, des milliers d’enfants ont été arrachés à leurs parents et envoyés dans des pensionnats où ils ont subi des abus, de la torture et parfois trouvé la mort. 
  • À partir des années 1950, des enfants ont massivement été enlevés de leurs maisons. Les enfants autochtones étaient placés en famille d’accueil ou adoptés par des familles allochtones. À ce jour, ils demeurent surreprésentés dans le système de placement familial du Canada. Cette initiative a été nommée la « rafle des années 60 », bien qu’elle ait débuté avant et se soit poursuivie après les années 1960. 
  • Les chefs autochtones croyaient que les traités n’affecteraient pas leur droit de chasser, de piéger, de pêcher, de vivre de la terre et de poursuivre leurs pratiques culturelles. Au lieu de quoi les cultures autochtones ont été éliminées, les cérémonies sacrées ont été bannies, et les personnes qui se livraient à des coutumes traditionnelles ont été punies et humiliées. 

L’héritage du colonialisme

Aujourd’hui, l’État continue de sanctionner le vol de terres et de ressources autochtones, vendant des droits à bon marché à des sociétés minières et pétrolières privées tout en ignorant les objections des dirigeants autochtones. Inutile de mentionner certains des coûts sociaux et la violence qui accompagne ces projets destructeurs.

À une époque de réconciliation, nous avons besoin d’une attention accrue et d’agir pour obtenir justice pour les survivants des pensionnats, pour les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, pour les défenseurs de la terre et pour de nombreuses autres personnes qui subissent les répercussions de la colonisation historique et actuelle.  

Ce que vous pouvez faire

Tout le monde doit le reconnaître : le passé n’appartient pas au passé. La politique canadienne continue de contourner les droits des Autochtones, ce qui entraîne du racisme, des injustices et des inégalités continuels. 

À l’occasion de la fête du Canada, n’ignorons pas l’histoire; progressons plutôt vers une réelle réconciliation et un futur plus équitable.

  • Portez la couleur orange comme preuve de solidarité envers les peuples autochtones. Achetez votre chandail orange auprès d’une entreprise gérée par des Autochtones.
  • Dites aux gens pourquoi vous portez de l’orange au lieu du rouge et du blanc, et dites-leur que vous reconnaissez que la colonisation n’est pas de l’histoire ancienne.
  • Soyez solidaire des mouvements autochtones, comme le mouvement Land Back
  • Soutenez nos amis de la Première Nation de Grassy Narrows; cessez les plans d’exploitation forestière et minière sur leur territoire!