En ce Jour de la Terre, après une autre année marquée par des vagues de chaleur, des inondations dévastatrices, des feux de forêt incessants et bien d’autres catastrophes exacerbées par les changements climatiques, une question émerge : qui prend les décisions politiques en matière de climat au pays?
Le gouvernement canadien prétend qu’il fait tout en son pouvoir pour contrer les changements climatiques, mais d’après un rapport publié par le groupe Indigenous Climate Action, les collectivités rurales et autochtones, pourtant disproportionnellement touchées par la crise climatique, ne participent pas à la conception des plans du Canada en matière de climat.
Voici pourquoi leurs voix doivent être entendues et méritent de l’être.
Des collectivités frappées de plein fouet
Que ce soit par le forage pétrolier, la construction de pipelines ou l’exploitation minière et forestière, les industries extractives nuisent aux collectivités rurales et autochtones depuis des générations. Elles s’emparent de leurs terres, polluent leurs cours d’eau et exploitent leurs ressources sans leur consentement, portant atteinte à la souveraineté autochtone.
La quantité de gaz à effet de serre émise par les collectivités rurales et autochtones est minime en comparaison avec le reste du pays. Pourtant, ce sont ces collectivités qui sont les plus durement touchées par les inondations, les feux de forêt et les autres catastrophes exacerbées par les changements climatiques.
La conservation en héritage
De nombreuses collectivités autochtones dépendent de la nature pour leur survie et leur mode de vie. Leur relation avec la terre remonte à des milliers d’années. Les changements climatiques et leurs répercussions menacent cette relation :
- Moins d’animaux, dont les caribous et les bernaches, empruntent leur trajet migratoire habituel sur les territoires ancestraux, et la chasse devient difficile.
- La météo de plus en plus capricieuse nuit aussi à la chasse.
- Le déclin de la population animale, en grande partie causé par la déforestation et la destruction de son habitat, déstabilise l’ensemble de la chaîne alimentaire.
- Les plantes sauvages traditionnelles sont moins nombreuses, et les récoltes, moins abondantes.
- La glace et le pergélisol fondent, ce qui rend les déplacements et la chasse hasardeux.
Les collectivités autochtones luttent depuis des générations pour protéger leurs terres et leurs cours d’eau sacrés. Cette tradition se poursuit aujourd’hui, que ce soit par des manifestations contre les projets de combustibles fossiles nuisibles, par la lutte pour une eau potable saine, par la création de partenariats en matière d’énergie verte menés par des Autochtones ou par des comparutions devant les tribunaux, ce qui renforce les collectivités rurales et autochtones et, en plus, réduit l’empreinte carbone de tout le pays.
Si les voix et la sagesse de ces collectivités ne sont pas prises en compte lors de la conception des plans en matière de climat, que valent ces plans et à qui profitent-ils vraiment?
Quelles sont les priorités climatiques du gouvernement?
Jusqu’à maintenant, ces priorités semblent favoriser un statu quo, autrement dit le secteur des combustibles fossiles. Le gouvernement fait de beaux discours sur la lutte aux changements climatiques, mais ses actes démentent ses paroles :
- Des milliards de dollars sont investis chaque année par le gouvernement dans le secteur des combustibles fossiles, un des responsables de la crise climatique.
- Des sociétés d’État (des organisations détenues par le gouvernement qui agissent comme des entreprises privées) continuent, elles aussi, d’investir des milliards de dollars dans le secteur des combustibles fossiles, et le gouvernement les laisse faire.
- Les plus grandes banques canadiennes versent toujours des milliards de dollars à des projets de combustibles fossiles.
- Le plus grand régime de retraite du pays investit encore des milliards de dollars dans des entreprises du secteur des combustibles fossiles.
Cette situation doit changer. Il faut une justice climatique.
Pour contrer les changements climatiques, il faut une justice climatique.
Les changements climatiques se font ressentir sur toute la planète, mais ses effets ne sont pas les mêmes partout. Au Canada et ailleurs, ce sont les personnes qui sont les moins à blâmer pour le réchauffement planétaire qui sont les plus durement touchées par ses conséquences. Les promesses ne suffisent pas. Il faut lutter pour que les gens en première ligne de la crise aient tout ce dont ils ont besoin pour que l’avenir leur soit équitable. C’est ça, la justice climatique.
La justice climatique, c’est le respect des droits des Autochtones. Les experts de partout au monde s’entendent pour dire que le respect des droits et de la souveraineté des peuples autochtones est l’une des manières de pallier la crise climatique.
Pourquoi? Parce que les peuples autochtones ont une expérience millénaire dans la conservation et l’utilisation durable des terres au profit de la biodiversité, de l’environnement et des collectivités. Par exemple, des études ont démontré que lorsque l’on compare des forêts possédées par un groupe autochtone ou une collectivité locale, ou leur étant assignées, à celles administrées par des entités publiques ou privées, on observe :
- Des taux de déforestation et de dégradation inférieurs
- Moins d’émissions carbone et une meilleure capacité à le stocker
- Davantage d’investissements dans les activités d’entretien de la forêt
- Une conservation forestière et une biodiversité robustes
- Des efforts de restauration forestière équitables et durables
- De meilleures retombées sociales, environnementales et économiques
Une nouvelle voie vers l’avenir
Si le gouvernement souhaite réellement trouver des solutions à la crise climatique, il doit :
- Arrêter d’investir dans les combustibles fossiles
- Respecter et écouter les collectivités touchées
- Soutenir le mouvement Land Back et la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui « établit un cadre universel de normes minimales pour la survie, la dignité et le bien-être des peuples autochtones du monde ».
Le mouvement Land Back vise à donner aux collectivités autochtones le pouvoir de décider du sort de leurs terres et de leurs cours d’eau. Appuyer ce mouvement , c’est mettre fin au cycle colonial d’extraction et d’exploitation pour privilégier les individus et la planète.
Passez à l’action dès maintenant!
En ce Jour de la Terre, réclamez la justice climatique.
Dites au gouvernement que vous voulez que les plans en matière de climat soient conçus en concertation avec les collectivités rurales et autochtones. Nos amis du Indigenous Climate Action se battent pour que les Autochtones soient mieux représentés. N’hésitez pas à les suivre pour en apprendre davantage.
Finalement, dites au premier ministre de donner la priorité à une loi sur une transition équitable. Nous avons besoin de lois pour lutter contre le changement climatique et pour créer des emplois dans les industries vertes qui ne laissent personne de côté, et nous en avons besoin maintenant.